Histoire reconstituée du Musée des Familles Dollfus, Mieg et Koechlin

LES TROIS PÉRIODES DE L’HISTOIRE DE NOTRE ASSOCIATION

Sa création et son développement obtenus par la volonté d’un homme, Max Dollfus, qui fut véritablement l’âme et l’animateur de ce Musée.

Vient ensuite la période suivant sa disparition en 1937 et la période troublée de la seconde guerre mondiale mais qui a vu la sauvegarde des collections avec l’appui de la Ville de Mulhouse.

Enfin la redécouverte des objets entreposés dans le grenier du Musée des Beaux arts et la renaissance de l’association par un groupe très motivé qui ont permis d’aboutir à la situation que nous connaissons aujourd’hui.

LES ORIGINES DU MUSÉE

Né en 1864, Max Dollfus est le deuxième enfant d’Auguste Dollfus et d’Ida Kaltenbach. Il est l’un des représentants emblématiques de la cinquième génération des industriels de la famille.

Son père a été pendant 47 années le président de la société industrielle de Mulhouse (SIM) sur une période s’étalant avant et après l’annexion, et a réussi à maintenir la langue française pour ses publications. Industriel comme ses aïeux, on peut toutefois se demander si Auguste n’a pas davantage travaillé pour l’intérêt public plutôt que pour ses propres affaires (société Dollfus et Mantz).

Passionné de généalogie et d’histoire, il est l’auteur des premières généalogies familiales (celle des Dollfus en 1879 et celle des Koechlin en 1881) et collabora à l’histoire documentaire de l’industrie de Mulhouse au XIX° siècle.

C’est pendant le mandat d’Auguste Dollfus que la SIM créa le Musée des beaux-arts en édifiant le beau bâtiment qui est devenu depuis le Musée d’impressions sur étoffes.

Max choisit, au moment de son mariage avec Henriette Engel dont la mère était une Koechlin d’adopter la nationalité suisse. Ce choix allait complètement bousculer sa vie. Il reçoit en effet en 1892 un arrêté d’expulsion.

Il fonde alors un tissage à Héricourt dans le pays de Montbéliard qu’il dirigea jusqu’en 1909, date à laquelle il obtint une autorisation de résidence à Mulhouse.

Max a suivi l’exemple de son père en publiant en 1909 son imposante histoire et généalogie de la famille Dollfus de Mulhouse dont on peut lire dans la préface : « Au moment où presque toutes les familles de Mulhouse ont été arrachées du sol, où elles avaient vécu et agi pendant si longtemps, où leur rôle ne sera bientôt plus qu’un souvenir lointain…». On peut y voir là le germe de son projet. Nous savons que pendant cette période d’exil, il aida son père à poursuivre ses recherches familiales dans l’esprit de continuation du souvenir français jusqu’à son décès survenu en 1911. Sa devise fut « nous maintiendrons ».

En 1909, Max sollicite plusieurs membres de la famille à propos de son projet de création de Musée. Il semble qu’il ait été entendu et soutenu par plusieurs d’entre eux et notamment par Edmond Dollfus.

Son projet prévoyait de constituer un fonds important dès le début afin que les intérêts permettent l’entretien et l’augmentation du premier noyau de collection, et de plus, en parallèle, un fonds de famille dont les intérêts seraient destinés à venir en aide aux membres de la famille tombés dans le besoin. Nous ignorons si cette clause fut activée par la suite.

En 1910, avec son épouse, ils acquièrent un hôtel particulier à Mulhouse près de l’hôtel de la société industrielle au 10, avenue de la Paix.

On peut penser que son projet intégrait déjà un lieu d’accueil pour réunir les souvenirs de famille.

L’assemblée constitutive du Musée des familles Dollfus et Mieg se tient le 27 avril 1912 en présence de 48 personnes membres ou alliées de ces deux familles.

L’année 1913 sera très féconde pour le Musée, avec l’aménagement des salles, l’exécution de nombreux encadrements, la restauration de certains tableaux ainsi que la copie de portraits confiés.

Pendant la première guerre mondiale, Max s’occupe à Genève de l’association internationale des prisonniers de guerre.

Le Musée ainsi constitué et enrichi sera transféré en 1919 au numéro 6 de la même rue.

Le 7 juin 1920, une nouvelle assemblée constitutive est convoquée afin d’entériner l’arrivée de la famille Koechlin au sein de l’Association. Celle-ci est alors à son apogée avec 132 membres et on dénombre 1300 pièces de collection.

La crise de 1929/1930 et la dévalorisation du franc qui a suivi ont du réduire considérablement le capital de l’association jusqu’à la disparition de Max, en 1937.

Le franc de 1912 avait perdu 83% de sa valeur entre temps.

LA SECONDE GUERRE MONDIALE ET LA SAUVEGARDE DE LA COLLECTION

L’oeuvre de Max sera poursuivie jusqu’à la guerre par un conseil d’administration composé d’Emile et de Jean Dollfus et de Philippe Mieg qui venait de publier, en 1937, une nouvelle généalogie de la famille Mieg.

On peut imaginer les difficultés rencontrées par le conseil d’administration au moment de la déclaration de guerre.

Le 30 mars 1940, celui-ci approuve la prise en charge par la Ville de Mulhouse des collections du Musée.

Le conseil céda à la Ville son capital restant afin de permettre l’entretien et l’augmentation des collections ainsi que le loyer de l’appartement qu’il occupe.

Le musée sera miraculeusement démonté en 1943, quelques mois avant la destruction de l’immeuble qui l’abritait !

Le Musée s’endort pour un long sommeil qui durera une soixantaine d’années.

LA RENAISSANCE DU MUSÉE

Le Musée se réveille au début des années 1990 sous l’initiative de Pierre Juillard et de Jean-Luc Eichenlaub, directeur, à l’époque, des archives municipales.

Benoit Bruant devient, en 1992, conservateur des Musées de Mulhouse.

En 1992, avec Marc Greder, il décide de procéder à l’inventaire des caisses entreposées dans le grenier du Musé des Beaux-arts en présence de Madeleine Fabre, de Mathilde Franc de Ferrière et de quelques autres